Le Xinjiang, la Chine interdite.

Le Xinjiang , aux portes du désert du Taklamakan est le point de départ de mon circuit en Chine interdite. Une des régions les plus surveillée du pays ! Et ça ne date pas d’hier . Je vais en avoir un aperçu des plus convaincant !

Le Xinjiang, tu l’as voulu, tu l’as eu !

 Kashgar au Xinjiang, ou mon troisième voyage en Chine commence par une nuit dans un des hôtels les plus sales de la création. Ma première visite dans ce pays remonte à  2010.

Mais quelle heure est-il au Xinjiang ?

Géographiquement parlant,  elle devrait être la même qu’au Kirghizistan, mais c’est l’heure de Beijing qui s’applique dans toute la Chine.
J’ai l’impression d’être un nomade qui voyage dans deux pays à la fois où cohabitent deux populations qui ne vivent pas au même rythme. Pas la même heure, ni la même langue, ni la même nourriture.

Tu m’étonnes qu’ils se rebellent !

En plus tout est fait ici pour entraver la vie ici.  A tous les coins de rue dans le Xinjiang  il y a une guérite de police. Tous les accès au trottoir sont fermées une barrière avec planton. Tous les magasins sont munis de grilles ou bien de sonnette. Dans tous les hôtels il y a un portique de détection et un scanner à bagages. Plus un ou deux agents avec casques, gilets pare-balles, boucliers anti-émeute tazzer intégré pour certain. Et aussi parfois des manches de pioche. La surveillance est totale au Xinjiang, pas un cm n’est pas couvert par l’œil d’une caméra.

La vieille ville de Kashgar n’est plus. Juste quelques ruelles sans grand intérêt ou les sourires ont disparus. Paix à son âme !

C’est fini pour les nomades !

Bizarrement dans cette région qui a vu passer des milliers de voyageurs étrangers suivant les caravanes des routes de la soie, il n’est plus vraiment possible d’être un voyageur.

Enfin, avec un sac à dos !

Accès à la frontière du Pakistan

Je ne peux pas me rendre à Tashkugan, car pour emprunter la route du Karakoram il faut maintenant réserver son voyage trois jours à l’avance, via une agence bien sûr !

Au porte du désert du Taklamakan

J’entreprends donc une excursion vers Karghilik . J’ai prévu d’y faire une halte pour la nuit sur ma route vers Hotan. Premier checkpoint, tout va bien. Deuxième OK. Et là au troisième, problème ! Apres une demi-heure de palabre dans des langues différentes, la police adjoint une voiture d’escorte à mon bus jusqu’à mon arrivée.

Je commence la recherche d’une chambre pour la nuit, pendant qu’une voiture de police me suit. Nada ! C’est donc naturellement que je finis par m’adresser à eux. En fait à Karghilik , contrairement à ce qui est écrit dans mon guide de voyage, aucun hôtel n’acceptes plus d’étrangers à la région.

Premier contact avec la police secrète

Je m’affale sur un banc en leurs demandant quoi faire. A partir de là je suis pris en charge par un policier en civil. D’abord, il m’offre trois bouteilles d’eau puis me demande si j’ai mangé. Je refuse l’invitation à un barbecue chinois. Je veux juste trouver un logement ou un moyen de partir. Arrive deux agents des relations publiques de la sureté intérieure qui me demandent ou je compte me rendre. J’opte pour Hotan, en même temps je n’ai pas le choix !

Pas de bus.

Alors elles passent au niveau supérieur. Elles contactent leur chef qui débarque dans une grosse voiture banalisée. Super il parle anglais. Il m’explique qu’ils m’ont trouvé un véhicule ( un civil réquisitionné) qui va m’emmener à Hotan. Tout de suite, il m’attend au poste de police à la sortie de la ville.

Comment se faire expulser d’une ville du Xinjiang

Tout le monde m’accompagne. Arrivée à la barrière, au garde à vous et un land cruiser qui va me conduire gratuitement à Hotan.
Autoroute, pause clope, essence…au bord du désert.
On approche de la ville. Recommence alors la valse des contrôles de police.
Tout va bien jusqu’au dernier ou là encore, après une heure de discussion, on m’adjoint une voiture d’escorte jusqu’à l’entrée de la ville.

voiture de police . le Xinjiang chine
escorte de police.

Hotan, cauchemar en voyage

Il est 23 h 00 et je ne sais toujours pas où dormir.
Après m’être fait refouler de cinq hôtels, interdits aux étrangers, je trouve enfin un lit. Dans l’ascenseur je rêve déjà d’une bonne douche. Mais je n’ai pas le temps d’enlever mes chaussures que la réceptionniste et un agent de sécurité débarquent pour me dire que je n’ai pas le droit de dormir ici ! Retour à zéro et j’en ai franchement plein les bottes. Je m’assois devant la porte de cet hôtel et je décide de dormir la, dehors.

La police chinoise

A peine dix minutes plus tard la police débarque, je me dis que je suis bon pour un lit en cellule. Il s’agit encore du service de relation publique de la sureté intérieure qui va me trouver une chambre. Je finis au West Lake Yin Du à 12 h 30, et je vais enfin pouvoir dormir et chercher une autre chambre pour demain sur internet, car ici c’est un peu au-dessus de mes moyens.
Je fais ma réservation en ligne et au retour de mon petit dej je reçois un message : N’accepte pas les voyageurs étrangers ! Décidément le Xinjiang ne veut pas de moi.

Quitter une région un peu trop surveillée

Cette fois il faut que je quitte cette région, pas très propice au voyage en solo, car je ne veux pas passer mon temps à me faire contrôler par la police ou me faire refouler des hôtels. Aucune connexion ne marche ! Après grand renfort de sourires ( j’ai fait mon max) la brave réceptionniste me cherche un vol pour Urumqi. Chose faite je plie mes bagages, à peine dépliés d’ailleurs et je file à l’aéroport.
Tout juste passé le scanner de sécurité, je suis déjà alpaguer par la police pour la 140e photos de mon passeport.

lion de pierre Urumqi. le Xinjiang chine





Urumqi

L’hôtel pour voyageurs ou je comptais dormir a fermé ses portes ! La chasse à la chambre de routard est à nouveau ouverte. Je trouve mon bonheur prêt de la poste après plusieurs refus.

Cette ville qui fut, il y a longtemps, une halte pour caravane est devenue une petite ville de plus de trois millions d’habitants, couverte de building de verre et de béton.
Toutefois, à part le musée, pas grand-chose à voir.

ruines de Jiahoé. le Xinjiang chine
Jiahoé en Chine

Voyage vers la sortie

Tandis que je continue ma fuite du Xinjiang je me rends à Turpan en espérant voyager plus librement pouvoir et visiter les ruines alentours. Quatre contrôles de polices en chemin ont à nouveau cassés mon envie de m’attarder dans le quartier.
Première chose à faire en milieu hostile : chercher la sortie la plus proche en cas de soucis. Ainsi je réserve mon billet de train pour lundi en direction de Hami.

Je tente de m’éloigner peu à peu du Xinjiang et de ses contrôles de police incessants
Maintenant il me reste 24 H, tel un Jack Bauer pour visiter un peu les environs sans penser au reste.
Comme depuis mon entrée dans ce pays, pratiquement toutes les traces du passé ont été gommées au bulldozer. Le béton et le verre on remplacé les briques et la terre !
Certains sites ont échappés à la règle et du coup ont été aménagés en ‘’ parc d’attraction’’ sauce aigre douce. Les ruines de Jiahoé ne sont pas trop touchées par l’assaisonnement (désolé je suis un ex-cuisinier) et valent quand même la peine de s’y arrêter.

ruines de Jiahoé. le Xinjiang chine

Dunhuang, voyage au milieu du sable

touristes chinois equipés star war

En arrivant aux pieds des dunes de Dunhuang j’ai cru que je voyageais dans un remake des touts premiers épisodes de Star War. Croisant des gens dans un équipement des plus bizarres.
Après le coup de masse à l’entrée, 110 Y, le deuxième m’attend. La carte postale perd tout son charme quand on découvre ce qu’est en réalité le lac du croissant de lune : une grosse flaque d’eau à 200 mètres de la route cachée par un tas de sable. Oui vendu comme ça, c’est moins romantique.

temple du lac du croissant de lune
lac du croissant de lune

Les grottes de Mogoa : ce n’est plus un coup de masse, mais deux ! La Disneylisation a fait son effet sur ces grottes. Tout a été réaménagé pour rendre l’accès plus facile. Escaliers et rampes en ciment, nouvelles portes qui ferment à clé et façades refaites en ciment.
De plus, pas possible de faire la visite seule , il faut suivre le troupeau. Car c’est vraiment en troupeau qu’il faut suivre le petit drapeau du guide qui vous a été attribué et à son rythme. Les photos sont interdites, sauf dehors, mais il n’y a rien ! Le désert autour n’est pas accessible non plus.

facade de Mogao
grottes de Mogao

 

 

 

 

Je dépeins un tableau plutôt noir, mais malheureusement c’est juste la vérité. Même si les puristes me diront le contraire.
Toutefois je n’ai toujours pas perdu espoir de trouver une perle rare dans cet immensité. Mais ce n’est pas le fort de Jiayuguan , avec en fond d’ecran une centrale thermique, et de sa horde de guerriers prête à en découdre, perche à selfie à la main, ni les vingt bus alignés à Zhangyé qui vont me faire changer d’avis.

fort de Jiayuguang
roadtrip en chine, Drapeau de Jiayuguang

Xining puis la visite de Guidé

Guidé, une petite ville taille humaine repensée pour accueillir les touristes. Cependant même avec sa proximité avec le parc national la mayonnaise n’a pas prise. De plus là aussi, mieux vaut se renseigner avant sur les possibilités de logement. Beaucoup d’établissements sont interdits aux voyageurs étrangers. En conséquence il ne nous reste que les plus chers.
En fait le plus judicieux est de se faire déposer par le bus venant de Xining . Faire la visite de Guidé. Filer à la gare routière et rentrer par le prochain bus.

Depuis quelques jours, je me pose une question : comment allier répression et tourisme, sécurité intérieur et liberté, surveillance et plaisir ?
Mon côté français, un peu rebelle à l’autorité, ressort de plus en plus !

etal de boucherie a Xining.Chine



Laisser un commentaire