3. Le Tadjikistan et les montagnes du pamir



Je viens de quitter l’Iran par Mashhad pour arriver au Tadjikistan en fin d’après-midi.

TADJIKISTAN

Le Tadjikistan est l’une des régions les plus reculées de l’ex-union soviétique .

Indépendant depuis 1991, il est l’héritier de la Bactriane et de la Sogdiane. Au cours des siècles son territoire a été compressé de telle sorte que, sa capitale à l’époque de l’Empire perse , Boukhara, se trouve maintenant chez son voisin ouzbek. Plus de la moitié du pays , le pamir, se situe au dessus de 3000 mètres d’altitude,   et comporte plusieurs sommets dépassant les 7000.

Arrivée au Tadjikistan

A l’entrée de l’aéroport, juste avant de faire viser mon passeport, je dois m’arrêter au bureau du Consul pour obtenir mon visa. 58 $ et 30 minutes plus tard, tampons, bagages, taxi .
Il n’y a pas beaucoup de choix dans la capitale tadjik. Le Vakhsh hôtel, mastoque avec ses portes de dix centimètres d’épaisseur, se trouve être mon unique option. Je suis seul, mais on me facture les deux lits, je commence à prendre l’habitude de la règle dans cette région du monde.

Permis GBAO et visas chinois

Permis GBAO
Permis GBAO, pour le pamir du Tadjikistan

Dans le but d’entreprendre mon voyage dans le Pamir et de la rejoindre la Chine via le Kirghizistan, je dois demander mon permis GBAO ( autorisation d’accéder au Gorno-Badakhchan ) et mon visa chinois.
Pas vraiment une partie de plaisir, il me manque une lettre de recommandation des autorités françaises. Je dois revenir en début de semaine prochaine !
En chemin, je croise des militaires français, les forces spéciales françaises en Afghanistan , l’opération Pamir, sont basées tout près de l’aéroport, qui me conseillent d’aller à l’ambassade afin d’obtenir cette fameuse garantie.
Le rendez-vous est pris lundi matin pour mon parrainage traduit en russe.
Idem pour le GBAO je dois repasser au bureau de L’OVIR.

Monument de Dushanbe Tadjikistan
Statue de Raduki ( poète perse du Xe siècle )

Informations itinéraire

Il me reste donc tout le week-end pour trouver des renseignements en vue de  mon aventure jusqu’à Khorog et mon périple le long du corridor du Wakhan , coté Tadjikistan.
Pour s’y rendre en avion : c’est la météo qui décide, le moindre cumulus et le vol est annulé.
Le train pour le sud n’existe plus.
Il me reste le bon vieux 4×4, mais actuellement l’accès est suspendu à cause d’une rupture de pont et d’un accident mortel sur le trajet.

Lundi, le jour des permis.

Permis pour le Pamir en poche, je file à l’ambassade de France pour récupérer ma lettre. Ensuite, je passe au consulat chinois.

Ces cons de Chinois se sont trompés de dates, je me trouve maintenant avec deux visas à la même date, et impossible de les faire modifier.

Dushanbé / Khorog

En piste de bonne heure ! 4×4 pajero, 7 personnes à bord, 180 somoni.

• 7 h 30, départ pour une quinzaine d’heures de voyage.

Une fois sortie de la ville, la chaussée commence à se dégrader légèrement. Pause pipi en surplomb du lac Nurek.

Lac de Nurek au Tadjikistan
Lac de Nurek
le village de Kulyab
Le village de Kulyab

• 12 h 30, déjeuner dans le petit village de Kulyab. Les chauffeurs s’échangent des news sur l’état de la route. Rien d’engageant, vu l’apparence des bagnoles, couvertes de gadoue !

• 15 h, stop !
Glissement de terrain, la montagne gorgée d’eau s’est répandue sur la piste en un tas de boue, entraînant avec elle un camion dans le vide. Pas de blessé, mais plus de route !

Glissement de terrain au Tadjikistan
glissement de terrain

Les mecs sont réactifs dans le coin, déjà un petit bulldozer s’affaire à rouvrir le chemin. Les véhicules s’entassent des deux côtés de la colline. Les transferts de clients commencent à s’organiser entre les chauffeurs qui montent et ceux qui descendent. Il nous reste à attendre notre tour.

échange de passager
Echange de passager

• 20 h, un nouveau 4×4 nous attend en bas de la montagne. Il nous faut maintenant franchir l’obstacle avec les bagages des uns et des autres et descendre à flanc de coteau au clair de lune.

• 20 h 30 on reprend la route. Stop pour dîner.
• 2 h du matin , cette fois c’est un arrêt pour dormir un peu.
Une pièce, cinq personnes, matelas, couettes et s’est parti pour 4 h de sommeil bien mérité.

• 6 h wake up, mon premier shir choy, le thé au lait salé avec de gros yeux de beurre ” rance ” en guise de petit dej.

Au total, 29 H de voyage, 12 contrôles de police, 1 vérification militaire, paysage indescriptible, des routes genres chemins forestiers après le passage d’un B 52, et enfin l’arrivée dans la capitale du Haut-Badakhchan.

Arret pour la nuit au Tadjikistan
Notre refuge pour une nuit

Je suis enfin arrivé à destination, mais il me reste à trouver un lit pour m’affaler afin de faire baisser la pression dans mon crâne. Le mal des montagnes ! Ce soir, je suis invité à diner chez Zoir, mon covoyageur, fils du juge de Dushanbé. Il m’a aussi promis de m’aider à mettre en place la suite mon trip dans les montagnes du Pamir.

Khorog, Tadjikistan
Khorog

Dimanche , repos bien merité

Située à 2 100 mètres d’altitude en plein cœur des montagnes du Pamir, près de la frontière afghane, Khorog ne possède que très peu d’espace de loisirs. Son parc offre un espace ouvert avec étang , théâtre en plein air , café salon de thé… Au fond se trouve le resto du Serena Inn, le seul endroit ouvert le dimanche. Très bonne cuisine, le Pamir kebab, ressemble étrangement à notre boeuf carottes. C’est un plat de mariage d’après ce que m’explique Zara, la manager ( la belle soeur de Zubaida de la Pamir Lodge).

4x4 chinois taxi collectif au Tadjikistan
taxi collectif au Tadjikistan
faire le plein au Tadjikistan
Faire le plein au faire le plein avant de prendre la route
Ishkashim Tadjikistan
Bienvenue à Ishkashim, Tadjikistan

Khorog to Ichkashim

Départ à 9h00.

Nous sommes neuf personnes entassées dans un vieux 4×4 chinois pour trois heures de route à destination d’une bourgade sur les rives du Panj.

Ishkashim est le plus grand village du Wakhan au pied de l’Hindu Kousch. Étant à la frontière avec l’Afghanistan, sa position en fait le passage obligé de commerces en tout genre. Depuis des siècles, avant Marco Polo, envahisseurs, marchands, aventuriers, espions ou missionnaires s’y sont croisés.

Pour 15 $, la Hanis guesthouse me propose un lit, douche chaude, diner et petit-déj. Pour mon repas de midi, le café Sarez semble la meilleure solution. En fait, je n’ai pas d’autre option. Il se trouve que c’est aussi l’endroit pour se ravitailler en eau et biscuits de voyage.

les montagnes du pamir
Les montagnes du Pamir

Ichkashim à Langar

120 bornes, dans un Lada de 1930 dont les essuie-glace sont actionnés depuis l’intérieur à l’aide d’une ficelle. Seul client à faire cet itinéraire, je paye donc un peu plus cher : 130 somoni.

Langar

Le monastère qui aurait dû me servir d’asile pour la nuit est fermé. Pas un hôtel à l’horizon.

Le seul commerce du patelin se trouve être une cabane en planches de 4 mètres carrés ,qui fait office d’épicerie dépanneur. L’hospitalité étant une tradition dans les Pamir, je finis par me faire inviter à passer la nuit dans un ‘’chid’’pamiri.   

Chid pamiri
Chid pamiri ( maison traditionnelle)

Le village de Langar s’étire le long de la route encadrée par les montagnes Tadjik d’un côté, Afghanes de l’autre. Sur le versant tadjik se cachent des pétroglyphes à plus de 3000 mètres d’altitude.
N’étant pas spécialiste de la gravure de pierre , une balade à travers les cailloux avec vue imprenable sur les cimes enneigées à 7000 mètres, me semble beaucoup plus intéressante.

Maintenant, j’ai un autre problème à résoudre pour demain. Trouver un moyen de transport pour me rendre à Allichur, un petit village au bord de la M41.

Langar  / Alichur

Le traffic est inexistant sur cette portion de route et en plus il y a un col, à plus de 4000 mètres, à franchir avec de la neige. Une route de fou comme on les aime ! J’ai obligatoirement besoin d’un véhicule à quatre roues motrices, et je suis le seul client dans le coin.

Dans cette partie du monde, on circule la plupart du temps en taxi collectif, qui ne se met en branle que quand il est plein. Chose que je ne peux pas faire.
Je n’ai pas vraiment le choix, je dois payer toutes les places !

Départ au milieu de la nuit, en vrac, n’ayant quasiment pas dormi. Cette traversée de massif s’apparente à du rallye raid, avec franchissement de rivière, éboulement, boue, neige…

Route entre Langar et Alichur
Route de montagne entre Langar et Alichur
Route de montagneentre Langar et Alichur
Le lac Yashil-kul au Tadjikistan
Le lac Yashil-kul au Tadjikistan

Alichur

Arrivé à destination en fin de matinée, je suis invité pour le déjeuner . Je n’ai à peine le temps d’avaler mon agneau bouilli que mon hôte m’emmène à Bulunkul et au bord du lac Yashil-kul à 3734 m. Mais bon pour admirer les eaux turquoise je dois repasser, il n’est pas encore décongelé !

Je rentre juste à temps pour attraper le bus qui se rend à Mourgab.

Mourgab

Le village se compose de Qishlaqs (maisons unifamiliales) , d’une mosquée à l’autre bout d’un champ, et d’un centre-ville avec tous les bâtiments administratifs de base. La rue commerçante quant à elle, est constituée de vieux containers métalliques échoués la, dieu seul sait comment, customisés pour ressembler à des boutiques.
Le tout entouré d’un reg balayé par le vent. Plus calme tu meurs.

Pour moi le voyage au Tadjikistan s’arrête la. La guerre civile se prépare au Kirghizistan voisin et les frontières ne vont pas tarder de se fermer. Je ne peux pas rejoindre Sary Mogol  ni Kashgar.

Mourgab, Tadjikistan
La ville de Mourgab, Tadjikistan
contener magasin
Container shop
M41, la pamir Highway

Retour à Khorog par la pamir highway, la M41.

Je viens de passer trois heures au bord de la route à faire du stop sans voir apparaitre le moindre véhicule ! Je n’ai plus que la solution du taxi collectif, mais il est loin d’être plein. Le carburant est rare, alors on ne part pas à moitié rempli.

11 h, le 4×4 est complet, on se met en route
La Pamir highway est un peu la route 66 des amateurs de cols de montagnes.
D’un coup la nuit tombe, à 4 h de l’après-midi. Une averse de grêle d’un autre monde s’abat sur nous. Sympa, mais à 4000 mètres c’est moins drôle.

Tout redevient normal !

En chemin, un passager demande à faire un crochet pour aller dire bonjour à sa famille. Bizarre. Du coup nous sommes tous invité à boire le thé. Je vous l’avais dit, l’hospitalité dans ces montagnes est sacrée.

Encore une centaine de bornes à avalé avant d’arriver, sous la pluie, à Khorog. Moi aussi j’ai droit à mon détour pour me faire déposer devant la porte de la Pamir Lodge.

route du pamir deserte
Routes du pamir desertes
route de retour khorog Dushanbé
Retour khorog Dushanbé

Derniers jours avant de quitter le Tadjikistan

Il me reste une journée pour me récupérer du trajet, faire ma lessive, me préparer à rentrer à la capitale et quitter le pays.
Cette fois ne met que 17 h pour regagner la métropole.
Ensuite j’enchaine avec un bus pour Pendjikent puis la frontière ouzbek

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