Partir en Ouzbékistan

logo Bukhara tourismMise à jour 2021.

Malgré les restrictions de vol, j’ai pu me rendre une nouvelle fois en Ouzbékistan. À nouveau à Boukhara, mais pour une autre mission. Toujours en cuisine, sauf que là, il s’agit de donner des cours à des étudiants en tourisme.

 

L’entrée dans le pays se fait sans problème. Il faut dire que j’ai une invitation du ministre Aziz Abdukhakimov. Ça facilite l’accès !

Rien n’a réellement bougé en fait.
Certains restaurants ont fermé, d’autres ont ouvert. Malgré le ralentissement économique dû au Covid 19, les gens continuent à vivre comme avant. L’accueil est semblable à l’accoutumé, sauf qu’en tant que guest je suis un peu plus sollicité.

En ce qui concerne les changements, on peut souligner une amélioration non négligeable de la connexion Internet. Par contre, le réseau électrique laisse encore à désirer. Du fait des fortes chaleurs, 50°, les délestages sont fréquents.

logo train UZA noter aussi l’apparition d’une appli pour réserver son train ainsi que des E-ticket.
Pour accéder aux gares et aux aéroports, il faut toujours posseder son titre de transport.
Port du masque obligatoire dans les supermarchés, les marchés, ainsi que les endroits où la distanciation sociale est difficilement applicable.

La bière, le plov, le pain, l’accueil, rien a changé je vous rassure !

A table devant une Sarbast en contemplant la mosquée de Boukhara
A table devant une Sarbast en contemplant la mosquée de Boukhara

Partir en voyage :

Direction L’Ouzbékistan. Je retourne dans ce pays dix ans après mon voyage sur la route de la soie. Cette fois c’est pour y donner quelques conseils à une équipe de cuisiniers à Boukhara.

INSOLITE 29/06/2020

L’actualité sanitaire et touristique porte l’Ouzbékistan sur le devant de la scène. Comme l’ecrit Le HuffPost :

Si vous attrapez le coronavirus en Ouzbékistan, les autorités vous verseront 2760 euros.

01 /03/19  Comptoirs fermés.

Aéroport St Exupéry Lyon zone d’enregistrement 10, silence.

A part les talons des hôtesses rien ne résonne. Dans moins d’une heure le check-in sera ouvert et avec lui la course à la première place dans la file ! Toujours le même rituel, zigzag de ruban et de poteaux, tapis à bagages, boarding pass, direction le contrôle de sécurité et ses scènes parfois hallucinantes.

Avion retardé !

C’est presque devenu une habitude pour voyager en France, tout comme en Inde, la plupart de nos transports, ne respectent plus les horaires.

Changement d’avion à Istanbul, heureusement ma correspondance avec Turkish Airlines a elle aussi du retard. Sauvé !

Arrivée à Tachkent, la capitale de l’Ouzbékistan , au petit matin.

C’est mon deuxième voyage en Ouzbekistan et l’accueil a bien changé en dix ans. Le contrôle de police ne dure pas plus 30 secondes chrono, rien à déclarer. Bagages et direction la sortie. Ici on vous attend dehors, pas de billet, pas le droit d’entrer dans l’aéroport. Mon contact, Ruslan, a un peu de retard, problème de voiture. Qu’importe, je discute avec deux chauffeurs de taxi d’Asie centrale très sympa. Ruslan débarque enfin, on part.

Petit déjeuner, petite sieste, petite douche et grosse ballade de 4 heures dans les rues de la capitale ouzbèke. Je ne suis pas trop dépaysé, pas grand-chose n’a vraiment bougé. A 17 H je dois me rendre à la gare ferroviaire et la aussi pas de billet, pas le droit de rentrer.

Je quitte Ruslan et j’embarque à bord du Talgo, wagon VIP, pour Boukhara. L’agent de bord à la porte ressemble à une hôtesse de l’air des années soixante dans son manteau à col d’astrakan et calot de côté.

Mon deuxième contact en Ouzbékistan

 Soukhrob, le boss d’Authenthic Uzbek travel m’attend à l’extérieur de la gare de Boukhara et me conduit à l’hôtel Grand Emir Residence ou après un rapide souper je m’écroule comme une masse au pays des milles et une nuits.

Tashkent Ouzbékistan

Le 03/03/19 mon retour en Ouzbékistan

Après une bonne nuit de sommeil, dans une chambre surchauffée, je commence ma visite de Boukhara par la tour Chukov.tour Chukov Boukhara

L’Ouzbékistan que j’avais connu il y a 10 ans se montre sous un autre jour. Je suis ici en tant que consultant culinaire, un bien grand mot. En fait je viens faire profiter de mon expérience de trente années passées derrière les fourneaux, à des amoureux de culture française et comme tout ouzbek qui se respectent : de gros mangeurs.

Ils ont fait le pari fou !

Transformer cette tour métallique à l’abandon, ancien château d’eau, en un restaurant à la française avec terrasse et salon VIP. Lancer un restaurant, avec un gout de France, n’est pas chose aisée par ici. C’est plutôt un défi !

Les travaux sont bien avancés, mais en cuisine c’est le niveau zéro. On part donc à la recherche de matériel à travers tous les marchés et bazars du coin. Ce n’est pas l’éclate !
Finalement on termine cette journée chez un ami de Soukhrob, le proprio du restaurant Chinnar (le plus populaire aussi bien pour les locaux que pour les touristes) par un long repas de viandes arrosé de petite eau, la vodka !

04/03/19 Réveil difficile !

Aujourd’hui je pars avec un nouveau guide, Odil, pour le grand marché de Guijduvan. Cinquante km pour finalement trouver porte close.

Tous les premiers mardi de chaque mois il y a un grand nettoyage. Mais nous n’étions pas au courant !
Comme nous sommes là, Odil en profite pour me faire visiter un atelier de céramique  et de suzani réputé dont l’activité se transmet depuis six générations.

On rentre à Bukhara car ce soir c’est la fête, un anniversaire et une  circoncision .

Nouvelle journée, nouveau programme.

Trouver du matériel de cuisine reviens à un parcours du combattant. Le grand marché de Guijduavan offre un vaste choix de copies chinoises, d’import russes et de  »Dubai quality ». Finalement, le deuxième main de fabrication russe au Karavan Bazar s’avère être la meilleure solution !

L’ouverture avec les amis, représentants religieux et autres locaux est prévue pour le 20 mars, une répétition en quelque sorte.

La vraie, en présence de Madame l’ambassadeur de France et pendant la semaine du gout de France est le 24. Il reste donc une vingtaine de jour, c’est chaud !

L'Ark de Boukhara Ouzbékistan
Boukhara tower Ouzbékistan

Le 20 mars la cuisine n’est pas encore complètement fonctionnelle mais la réception se fait avec des plats ouzbèke plus facile à gérer pour eux.

23 /03/19   Inauguration en Ouzbékistan

Problèmes électriques, pas assez de puissance. Il faut faire tirer un gros câble d’alimentation et se brancher sur le poteau de l’Ark en face. La tension est son comble, aussi bien matérielle qu’humaine.

24/03/19

6 h 30 du mat en cuisine avec Komil le chef , après un café sucré à en  perdre ses dents, on démarre dare dare la mise en place.

Tout est paré pour l’heure de l’apéro. Madame l’ambassadeur patiente depuis un bon moment que ses messieurs de la mairie de Boukhara veuillent bien arriver. Comme toute  »personnalité », ils sont en retard et pressé. Il faut donc servir ses gens plus vite que prévu.

Service fini, je pose mon tablier et tente de fuir la foule d’officiels par la porte de service. C’est sans compter sur Mr Soukhrob qui veille. Je suis trainé de force ( je rigole ) devant la représentante de la France en Ouzbékistan. Salamalecs et photos.
Mon premier mois en Ouzbékistan se termine et je dois sortir du pays pour faire valider un deuxième mois de visa sur les terres de Tamerlan.

Ouzbékistan Kazakstan mausolée de Khoja Ahmed Yassawi
Kazakstan

26/03/19
Aujourd’hui on part au Kazakhstan !

Notre voyage, qui doit nous mener à la limite de la Chine, se fait en voiture . Un arrêt à Samarcand pour le déjeuner, avec la spécialité du coin: les pois chiches de Samarcand. Puis le passage de la douane après Tachkent.

Dans le top 5 des pires postes frontières celui-ci arrive bien placé.
Ma barbe leurs pose un problème, ils ne me reconnaissent pas sur mon passeport.
Encore un effort et nous arrivons à Shymkent au Kazakhstan. La nous attend Baha et ses amis pour un repas à la mode kazakh et quelques vodkas.

27/03/19

Une petite virée de 400 km jusqu’au Turkestan nous amène sur les ruines du mausolée de Khoja Ahmed Yassawi. Une construction de milliers de briques qui date de l’an mille. Hallucinant !
Encore 8 heures de route et nous seront à Almaty.

mosquée d'Almaty
Mosquée d’Almaty

En fait, avec mon ami Teunis, notre voyage est pris en charge par la compagnie Impro Travel.com : on ne sait jamais ce qui va se passer !
Le but final est d’arriver à Khorgos , frontière chinoise. Récupérer des minibus pour l’agence de voyage Authentic Uzbek Travel et revenir a Bukhara. Mais on ne sait pas encore comment ils vont s’y prendre.
Nous nous laissons conduire à 140 km/h de nuit dans les steppes kazakhes vers un point non défini.

Cette nuit nous dormons à l’hôtel Pouchkina, à Zarkent, mélange de routier et du Bates Motel de Psychose. Perdu au milieu de nulle part dans la poussière et dans le vent.

Va-t-on arriver !

Délivrance, les quatre minibus flambants neufs sont la !
Davaï davaï retour en  Ouzbékistan.
Cette fois par contre, puisqu’on est un peu à la bourre, ce sera du sans escale. 31 heures de voyage, entrecoupées de pauses pipi, prières, repas et surtout café.

Pour atteindre notre destination finale Boukhara, ou m’attend une autre surprise.

Bouzkachi Ouzbek

En effet une équipe de tournage est arrivé à l’hôtel. Ils sont ici pour réaliser un court métrage « Le cercle d’Ali » le premier film d’Antoine Beauvois. J’ai la chance d’assister au tournage d’une scène de bouzkachi, jeu de l’attrape chèvre, le sport emblématique d’Asie centrale.

Cavalier Ouzbek
Cavalier Ouzbek
Bouzkashi Ouzbekistan
Bouzkashi Ouzbekistan
Bouzkashi Ouzbekistan
Bouzkashi Ouzbekistan
Cavalier Ouzbek

Quitter Boukhara et l’Ouzbékistan

Le soleil se couche sur Boukhara et ses madrasas, je suis attablé sur un charpoy devant une Sarbast bien fraiche. C’est en attendant mon plov, cuisine nationale oblige , que j’écris ces quelques lignes avant mon départ de ce recoin d’Asie centrale pour la vallée de Ferghana.

Charpoy, sofa d'asie centrale
Mavregi restaurant

Ce pays a bien changé depuis mon passage 2010. Tout parait possible, tout est réalisable, c’est le jeu de la vie comme aime à me le répéter mon ami ouzbek, Soukhrob, le boss d’Authentic Uzbek Travel.
Demain je dois partir de Boukhara, cette ville de briques et de faïences millénaires ou je viens de passer deux mois, traité comme un prince.

Je devrai rejoindre, en une quinzaine d’heures, Ferghana via Tachkent par le train de nuit. C’est là-bas que doit commencer mon roadtrip qui devrait me mener jusqu’au Laos si tout va bien. Mais mon voyage en solo ne débutera vraiment qu’après la frontière kirghize à Osh.

Ferghana

Au bout d’une vallée de 300 km se trouve la ville de Ferghana avec son parc ou trône le célèbre astronome persan qui a donné son nom à cette cité : Al Ferghani. Dans cette région, tout poussent et le marché regorge déjà de fraises et de cerises alors que nous sommes à peine fin avril.

cherries Ferghana
Cerises de ferghana

Les bouchers ne sont pas en reste et exhibent fièrement leurs moutons ouzbeks reconnaissables à leur boule de gras sur l’arrière-train . C’était la partie préférée de leur ancêtre Gengis Khan parait-il.

mouton d'Ouzbekistan
Mouton ouzbek bien gras

Passage de la frontière demain. Check de mes numéros d’enregistrements, le petit bout de papier où sont inscrit les lieux et dates de séjour de mon voyage au pays d’Ulugbeg et de mon passeport. Tout semble en ordre. Après avoir un peu galéré pour celle du Kazakhstan à cause de ma barbe, j’hésite à me raser. Je ne veux pas rester coincé pour quelques poils !
Finalement j’opte pour une demi tonsure, un peu à la J. Phœnix dans Inhérente Vice.

 
 

Ouzbékistan 2010

Mon avis n’était pas très objectif à l’époque, peut être était-ce dû aux contrôles de police.

Samarkand et Boukhara, pour ceux qui comme moi s’attendent à voir apparaître, au coin d’une rue poussiéreuse, Marco Polo et ses potes, c’est râpé.
Les caravanes de chameaux se sont transformées en bus affrétés par Nouvelles Frontières et les marchands vénitiens en groupes de touristes à têtes blanches.
Je suis un peu déçu par ce marché aux souvenirs en série, malgré tout ce pays reste magnifique avec des gens extraordinairement accueillants comme ces joyeux drilles rencontrés à Samarkand.

Samarkand place du registan
Samarkand place du registan
Armistice 39/45
Repas pour l'armistice de 39/45

L’armistice de la Deuxième Guerre mondiale

C’est une chose sérieuse dans le coin, c’est le jour de la mémoire et de l’honneur, le 9 mai. Mauvaise idée donc d’accepter, ce jour-là, la tasse de thé de l’amitié. Le chay en question a pris quelques degrés et s’appelle vodka. Cul sec au son de  » Kaputt Hitler  », et oui se sont d’anciens combattants dont les trois plus vieux ont été parachuté en Normandie. Étrange, je n’en avais jamais entendu parler.

12 h 30 beurré comme un Petit Lu, je regagne ma turne au radar pour une sieste obligatoire.

Je ne sais pas pourquoi, mais après Boukhara, j’ai décidé de faire une halte à Navoi, grosse erreur. Impossible de trouver une chambre à louer dans cette cité minière.
Je n’ai pas tout perdu. Pour mon retour à Tashkent, je prends l’avion. Un Antonov 24, avion russe créé dans les années 60. C’est la première fois que je décolle sans consignes de sécurité ni explications sur le marquage au sol : il n’y en a pas !

 

Tramway à Tashkent
Tramway à Tashkent en 2010

A Tashkent, encore un refus pour le sauf-conduit chinois.
Cette fois c’est officiel, les frontières du Kirghizstan viennent de fermer. Guerre civile en préparation. Je dois changer de route. Il ne reste que deux pays sur le continent asiatique ou je peux espérer obtenir mon sésame chinois : L’Inde, mais il me faut un visa, et la Thaïlande.

J’opte pour Bangkok. Mais là aussi une grosse surprise m’attend !

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